Appréhender et représenter un territoire

Cette formation du PREAC « TERRITOIRE(S) ET PHOTOGRAPHIE(S) : Appréhender et représenter un territoire » a proposé aux stagiaires une réflexion sur le concept de territoire et – par une pratique artistique – un travail sur les outils et modalités pour le représenter. En prenant lieu sur le territoire remarquable du Marais Poitevin, les stagiaires pourront transposer à d’autres territoires ce qu’ils ont appréhendé et expérimenté sur ce lieu singulier. Le stage a offert des espaces et des temps de réflexion, de pratique et de rencontre qui sont les constituants de l’éducation artistique et culturelle. Les enseignants pourront réinvestir ces connaissances et ces pratiques auprès de leurs élèves dans le cadre du Parcours d’éducation artistique et culturelle (PEAC). Il s’est adressé aussi aux animateurs et médiateurs culturels, afin de développer une approche conceptuelle et sensible du territoire vers leurs publics.

 

 

MERCREDI 18 MAI 2022

 

Questionner la notion de territoire, croiser les regards d’acteurs, de chercheurs et d’artistes photographes sur le territoire

 

1- Représentations initiales sur le Marais poitevin : Atelier de co-construction, animé par Richard Joseph du Parc naturel régional du Marais poitevin et Jacques Tapin, président de l’IFREE (Institut de formation et de recherche en éducation à l’environnement)

Les stagiaires ont livré ce qu’évoquait pour eux le Marais poitevin  :

  • 1 mot pour le définir. La dominante « nature  » est ressortie : endroit paisible, nuances de vert, oiseaux, écosystème, aquatique, eau, rivière, mouillé, humide, sec, tourbière, “Venise verte”
  • Comment ce territoire est-il vécu ? Havre de paix, bien être, souvenirs d’enfance, balade, barque, vélo, tourisme, mouvement, traversées, racines des arbres, tunnels verts, libre, barque, soleil, marais mouillé, marais sec, St Georges de Rex.
  • Quelle image en lien avec le territoire du Marais gardent-ils ? (à dessiner)

La barque dans le tunnel, la main dans l’eau avec les lentilles

Le rallye du marais de nuit, des vaches

Côté géométrique des lignes, fluidité, mouvement, courbes, vue aérienne

Frontière climatologique St Hilaire la Pallud / Mauzé , nuages, orage, lumières, couleurs

La maison aux volets bleus (reflet dans l’eau, inaccessibilité), symbole du Marais Poitevin

Découverte de la faune et la flore, en barque

Arbres mutilés, taillés – Expositions photographiques

Le soleil, la lumière

Immersion dans l’environnement

Son : oiseaux, vent, arbres – côté fantastique : qu’est-ce qui bouge? Hérons, Martins-pêcheurs

Se perdre, se tromper?

 Exemples de dessins

2- Le territoire et ses marques : espace et possession. Visioconférence de Bertrand Prévost, Maître de conférences en histoire de l’art et esthétique à l’Université Bordeaux-Montaigne (département d’arts plastiques)

En revisitant la notion de ritournelle développée jadis par Gilles Deleuze et Félix Guattari, Bertrand Prévost a interrogé le territoire dans son moment génétique d’instauration, où comment tout un ensemble profondément esthétique – gestes, sons, couleurs… – en vient à faire le territoire. Cet ensemble n’est d’ailleurs pas sans rapport avec un autre ensemble, cette fois d’artefacts humains, tels que le drapeau, la borne ou la maison, qui font du lieu, telle a été son hypothèse, l’articulation de l’expressif (des qualités détachées) et du possessif (la constitution d’un propre ou d’une propriété).

 


 

 

 

  • Le lieu constructif de la maison se distingue du lieu possessif et du lieu expressif.

La  maison constructive est, depuis la cabane primitive, d’abord un type architectural, une construction qui élève un toit pour constituer un abri. C’est un territoire propre originaire, un repli d’occupation et de possession où « habiter » et « avoir » se conjuguent. C’est un lieu d’appropriation des choses.

La maison possessive, c’est une propriété, « mon espace ».  Un territoire familial donne le nom de maison. Il permet de distinguer le chez soi (ce qui m’appartient) de celui d’autrui (de ce qui ne m’appartient pas). La propriété juridique valide la possession par un titre de propriété. Elle renvoie à un comportement d’avoir, d’appropriation. Elle va désigner  une  zone spatialement déterminée. Le territoire est un acte,” G. Deleuze et F.Guattari.

La maison expressive est d’abord artistique et non juridique (l’art est d’abord affiche, pancarte…).  « L’expressif est premier par rapport au possessif et constituent un avoir plus profond que l’être. » G. Deleuze et F. Guattari

  • Le drapeau.

Le drapeau c’est l’étendard, la bannière, le morceau de tissu accroché au bout d’une hampe. C’est un signe d’identité collective, une forme de représentation. La marque du chez soi, la pancarte du lieu, le porteur du territoire.

De par sa nature textile, il a une valeur cosmétique qui se détache du domaine. Il est également une forme sensible du territoire, un ornement, habitable (la tente pavillon médiévale est une maison mobile, temporaire), une façon de marquer l’autorité sur le local, mais aussi de marquer une distance personnelle, une sphère d’action qui limite l’emprise physique sur autrui.

 

  • Questions des stagiaires ;

Que signifie brûler un drapeau ? Est-ce nier cette identité? Oui.

Planter le drapeau ? C’est conquérir le territoire.

Faire une marque ? La fonction est ornementale, même les animaux font ça.

Le costume traditionnel ? Il s’agit d’une parure comme appropriation d’un territoire expressif, possessif et non d’imitation. (On peut penser le territoire, le domaine, le lieu, en terme de parure : le lieu est en lui-même une parure.)

La valeur du drapeau ? Un trophée, une décoration.

 

 

3- Les composantes d’un territoire à travers l’exemple du Marais poitevin.

A partir du jeu « Equilibres », conçu par le Parc naturel régional du Marais (prototype) : vivre une situation ludopégagogique jouer, débattre, développer des stratégies… Animé par Damien Marie (chargé de mission éducation à l’environnement, parc du Marais Poitevin) et  Richard Joseph .

EquilibreS, la dernière création du Parc réalisée en étroite coopération avec le RENET Marais poitevin (Réseau d’Education à la Nature Et au Territoire) est un outil pédagogique pour appréhender le territoire, s’interroger sur ses particularités. Le but du jeu est de « réussir à vivre sur un territoire malgré les contraintes et les impacts du changement climatique, tout en prenant en compte la fragilité de la biodiversité ».

 

                             

4- Exposition : D’ici, ça ne paraît pas si loin – au Séchoir de Port Boinot (ville de Niort) dans le cadre des Rencontres de la jeune photographie internationale.

Présentation de l’exposition et échanges avec ses auteurs, LesAssociés, collectif de photographes développant une approche documentaire et artistique du monde. Ce projet développe 5 approches différentes sur le territoire de la Nouvelle-Aquitaine par 5 photographes de septembre 2015 à juin 2019. Par le jeu des symboles et des références culturelles, le photographe traduit son expérience d’un environnement. Le rapport au récit a suscité des interrogations. Il a renvoyé à l’histoire intime de chacun, à l’arbitraire des regards.

« Le territoire renvoie toujours à l’identité. Derrière la façade de l’intime se joue la construction de l’être. »

D’ici ça ne paraît pas si loin évoque :

– l’habitat comme un repli sur soi

– la dimension universelle des sentiments qui habitent tout un chacun

– l’univers social déterminé par le travail

– la manière dont nous laissons notre empreinte sur ce qui nous entoure

– l’oppression du sensible par la norme

– le travail de déconstruction à l’oeuvre dans notre société où le faire n’est plus synonyme de lien et de partage

D’ici, ça ne paraît pas si loin est une expérience de territoire qui propose à chacun de réfléchir à sa manière de faire territoire autant dans son environnement familier (le territoire vécu) que dans l’appropriation d’espaces plus abstraits (géographie politiques et économique, mondes numériques…)

Le collectif LesAssociés. Créé en 2013 à Bordeaux, le collectif LesAssociés cultive la diversité des regards et des formes. Chaque membre du groupe apporte une technique, une sensibilité,  et une approche différente aux projets du collectif. La pratique de la vidéo et du son, ainsi qu’un goût particulier pour les entretiens, construisent un travail où le témoignage cohabite avec une écriture aussi bien documentaire que poétique.

Les photographes. Alexandre Dupeyron – Elie Monferier – Olivier Panier des Touches – Joël Peyrou – Sébastien Sindeu

 Visite commentée par Joël Peyrou

 

 

5- Prise en main des appareils photographiques numériques : atelier animé par Jean-Luc Fouet, médiateur CACP Villa Pérochon.

Pour faire une photographie, il faut  faire entrer de la lumière. Celle-ci passe par l’objectif et arrive sur le capteur. Cela sera transformé en fichier numérique sur la carte mémoire.

2 manières complémentaires pour faire entrer la lumière :

– l’ouverture du diaphragme : plus il est ouvert,  plus la lumière entre.

– la vitesse de déclenchement : plus elle est rapide, moins la lumière entre.

Le but est de trouver l’équilibre entre les deux pour avoir une photographie bien exposée.

 

 

Premiers essais

PREAC Territoire(s) et photographie(s) – Jour 1

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